VALORISATION DES MONUMENTS ET DES SITES HISTORIQUES DES COMORES : UN PROJET D'UN INVENTAIRE GÉNÉRAL EST EN COURS SUR LA COLLECTE DU PATRIMOINE CULTUREL
Parler du "Patrimoine" dans un pays comme les Comores, c'est évoquer une notion très élargie qui implique le cadre socioculturel, historique, juridique et, voire politique. Même au-delà de ce contexte socio-politique de la notion du "Patrimoine", l'environnement religieux et coutumier est de plus en plus impliqué. D'ailleurs, cette notion appelée localement "Manyahuli" (littéralement : système foncier) ou dans une autre version "Mawaratha" (littéralement : "héritage") implique tout un peuple. Malgré cela, les pillages et la destruction incessante de cette richesse culturelle commune continuent à prendre le devant. Comme chaque 18 avril depuis 1982, l'UNESCO a consacré une journée internationale des monuments historiques et des sites. Pourtant, il a fallu 19 ans après l'indépendance de 1975 ; soit en 1994, que la première loi [loi n° 94-022 du 27 juin 1994 portant protection du patrimoine culturel national : Comores. Protection du patrimoine culturel national - Disponible sur ce lien : https://faolex.fao.org/docs/pdf/com167531.pdf)] est promulguée qui permet de définir "les biens protégés, les régimes de propriété et jouissance, l'étendue de la protection - inventaire, enregistrement, classement, déclaration -, Droits et obligations, du détenteur et de l'administration - accessibilité, droit de visite et droit d'inscription de l'administration -, la conservation, l'entretien, la restauration, la surveillance, les découvertes et fouilles archéologiques, les sanctions, les autorités et organismes chargés de la protection". Malgré cela, le patrimoine culturel des Comores n'a pas toujours été considéré, valorisé et conservé par les différents régimes successifs. Aujourd'hui, la nouvelle génération s'implique à la lutte contre les pillages du patrimoine en créant des associations et des Collectifs de protection du patrimoine culturel national.
Cette lutte incessante à la "dépatrimonialisation" ne fait pas l'unanimité du peuple et de certains acteurs sociaux, car certains sont impliqués directement ou indirectement à ces différents actes frauduleux et lamentables. Ce qui a poussé à l'État comorien de promulguer en 2021 une nouvelle loi sur la protection du patrimoine culturel et naturel en Union des Comores [décret n° 21-013/PR, portant promulgation de la loi n° 20-033/AU du 29 décembre 2020, portant protection du patrimoine national culturel et naturel en Union des Comores. (Disponible sur ce lien : https://en.unesco.org/sites/default/files/natlaws/comoros_national_heritage_law.pdf)] afin de préserver cette richesse qui ne cesse de disparaître. Cette nouvelle est élargie (avec 63 articles sur 4 chapitres) pourtant rien n'évolue en ce qui concerne de la protection et de la valorisation du patrimoine.
Pourtant, sur l'étendue du territoire national, nous avons une variété patrimoniale très importante et impressionnante qui s'est accumulée d'une période à une autre jusqu'à nos jours. Il est temps d'en connaître cette richesse et de mieux préserver.
Depuis son peuplement jusqu'à nos jours, l'archipel des Comores a connu quatre périodes importantes sur l'évolution de leur patrimoine. Ces différentes périodes ont apporté des traits socioculturels, historiques et civilisationnels importants sur le patrimoine de l'archipel en général. Donc, il est évidemment de savoir que ce patrimoine culturel est le fruit d'un mélange entre "patrimoine de bantou, patrimoine des sultanats, patrimoine colonial et patrimoine postcolonial" (Viaut, Bernard, Hamadi et Davy, 2020).
A. UN PROJET D'INVENTAIRE GÉNÉRAL SUR LE PATRIMOINE CULTUREL EST EN COURS. POURQUOI CETTE INITIATIVE ?
Par ailleurs, le patrimoine de cet archipel mérite d'être conservé et valorisé pour un développement durable du pays. Ces dernières années, nous assistons à une montée exponentielle de destruction de ce patrimoine culturel due à l'urbanisation qui avance très lentement, aux incohérences historiques et culturelles de l'importance de cette richesse, aux changements climatiques et aux pillages. Donc, il est évident de lancer un cri d'alarme pour la mise en place d'une "Commission Nationale pour les Urgences du Patrimoine des Comores (CNUPC)". Cette dernière permettra d'élaborer le contrôle scientifique, technique et les priorités pour la mise en valeur du patrimoine culturel national.
En ce sens, depuis l'année dernière, nous avons lancé un grand projet d'envergure qui consiste à élaborer un "inventaire général" de notre patrimoine culturel national. Ce dernier renferme sur :
- Les monuments historiques ;- Les édifices religieux et civils ;- Les architectures commémoratives et funéraires ;- Les habitations historiques et culturelles publiques et privées ;- Les jardins ;- Les parcs ;- Les sites historiques et archéologiques ;- L'art culinaire ;- Les objets d'art ;- Etc.
Ce projet consiste à répertorier d'une manière générale toute chose qui reflète à notre histoire, à notre culture, à notre art et à notre gastronomie permettant de valoriser cet ensemble culturel. Il faut aussi ajouter les sites touristiques, les parcs naturels, les bâtiments architecturaux, publics et privés, le patrimoine industriel et militaire, etc. Donc, pour l'instant, nous avons inventorié environ 54 873 objets d'art, immeubles, édifices, mobiliers historiques et archéologiques, sites et monuments historiques non classés. Ils sont repartis dans les régions, les circonscriptions, les communes et les villes des trois îles de l'Union des Comores : 8 412 à Mohéli (Moili) ; 13 125 à Anjouan (Ndzuani) et 33 336 à la Grande Comore (Ngazidja).
Selon
l'étude de mise en lumière que nous avons effectué sur le terrain à la
connaissance de ce patrimoine culturel en voie de disparition, une
grande partie mérite d'être restauré afin de bénéficier une politique
de protection.
B. RÉPARTITION DU PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL PAR CATÉGORIE DE PROPRIÉTAIRES
1. Quelles précisions sur le travail en cours
Il s'agit ici de vous présenter en matière de pourcentage notre richesse culturelle sur l'ensemble du territoire.
2. Exceptions et catégorie d'appartenance du patrimoine culturel national
D. ÉTUDES DE CAS : MOHÉLI (MOILI) DANS LE CADRE DE LA COLLECTE DU PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL
Par : Djounaidi ASSOUMANI et
Ouirdouna AHAMADI
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